Atteintes et violations du droit à la vie et à l'intégrité physiqueRDC-TopicsTopics

Atteintes et violations du droit à la vie et à l’intégrité physique : Analyse

Auteure : Esther MBOYO KATAMU

La Femme, reflet de l'avenir

Analyse de la situation liée aux violences sexuelles de la femme au regard de la société.

Charles Onana, dans son ouvrage Holocauste au Congo décrit les hostilités qui se produisent chaque jour à l’Est de la RD Congo notamment les viols des femmes. Rien n’est plus ignoble et déshonorant pour une femme, en outre une femme africaine que d’être violée en présence de ses enfants et son mari. Le plus grave c’est le fait non seulement d’être violée mais d’être violée sauvagement.1Pour sa part, le docteur Denis Mukwege, gynécologue spécialiste notamment dans la réparation de ces femmes violées, il traite non seulement l’organe reproducteur de la femme déchiré par le viol mais aussi de fistule, bref qui nécessite une intervention chirurgicale.2


Denise Beutler Mateso d’origine congolaise témoigne : « je voyais partout des corps démembrés, une tête par-ci, une jambe par-là et je pleurais sans arrêts. …- J’ai vu des femmes violées en présence de leurs enfants, de leur mari…c’était horrible. Leurs bourreaux prenaient des couteaux et les mettaient dans le vagin. Les foyers ont été détruits, beaucoup de ces femmes ont été rejetées et leur vie détruite. ».3

Un autre témoignage est celui de Christine Shuler Deschyver de l’ONG City of Jo « la plupart des viols sont accompagnés d’énormément de violence. En général, on introduit des bâtons, des plastiques chauds, des baïonnettes, des morceaux des verres dans le vagin des femmes » et cela c’est depuis 1996 près d’un demi-million de femmes ont été ainsi traitées.4

Florence Maertens de Noordhout dans son article intitulé « Violences sexuelles en République démocratique du Congo : « Mais que fait la police ?  Un état de non-droit à la recherche d’un système normatif. Le cas d’EUPOL RD Congo » soutient que ces viols des femmes Congolaises constituent la destruction de la société traditionnelle, de la famille.5

En effet, s’il nous faut analyser les conséquences de ces viols, nous remarquons que cela n’affecte pas seulement la victime elle-même, mais aussi sa famille et la communauté toute entière. Et cette situation rend la femme impuissante au point même de ne pas chercher à obtenir réparation suite à ces abus. En premier lieu, le viol crée un traumatisme chez la femme parce qu’il touche la dimension psychique.

Il touche à sa dignité et à l’honneur de la femme. N’oublions pas cet aspect de la communauté africaine où l’honneur de la femme est attaché à son intégrité physique.

En dépit des douleurs physiques que peuvent ressentir les femmes à l’Est de la RD Congo qui sont violées cruellement, il y a ce qu’on appelle « les blessures intérieures ou émotionnelles » qui ont des répercutions terribles sur les victimes, notamment le manque d’estime de soi, la peur, le manque de confiance en soi. Toutes ces choses constituent des obstacles à l’épanouissement de ces femmes victimes des viols.  Les enfants nés suite aux viols ne sont pas facilement acceptés par leurs génitrices (femme) puisque souvent elles n’ont pas connaissance de l’auteur de la grossesse c’est-à-dire   le père de l’enfant quand le viol se fait par plusieurs personnes. C’est le cas de témoignage d’une victime des viols et mère de deux enfants issus des viols.6

Les viols des femmes ont eu de l’impact sur leur santé par la transmission des maladies sexuellement transmissibles telle que le VIH/Sida.   Les viols ont occasionné les paralysies et endommagé l’appareil génital des femmes au point de rendre certains non reproducteurs.

Cette situation est une destruction littérale de la vie de plusieurs femmes et c’est la réalité en RD Congo.

En second lieu, les viols ont un impact majeur sur la vie familiale de ces femmes, pour leurs conjoints, mais aussi pour leurs enfants. Selon plusieurs témoignages, ces femmes sont souvent abandonnées par leurs conjoints et leurs familles. Dans la société traditionnelle africaine, c’est une chose ignoble pour une femme d’être violée. Aussi, plusieurs foyers sont détruits, sans oublier les femmes qui meurent suite à ces viols.

Au moment où l’on parle de l’épanouissement de la femme, de l’égalité des droits entre homme et femme, cette situation vient rendre le processus du développement de la femme plus compliqué que ce qu’il en serait pour la conception ancestrale de cette dernière. Selon cette conception ancestrale de la femme, cette dernière avait juste les obligations familiales à remplir. Car il ne faudra pas seulement parler des droits de la femme mais encore aider cette femme à retrouver son identité et sa dignité avant d’aborder la question de son développement et de son épanouissement au sein de la société. En effet, il n’y a pas d’épanouissement sans connaissance de son identité, de la personne que l’on est, et cette identité de la femme et sa dignité ont été ternies. Il faut donc un processus de reconstruction de la femme détruite par le viol. Nous ne devons pas aussi oublier que cette situation met la société en danger par rapport au rôle reproducteur de la femme suite aux viols qui détruisent la fertilité de cette dernière.

Une question démographique de la région peut se poser, les gens meurent : mais qu’en est-il du taux de natalité et quel avenir pour cette région ?



Notes de bas de page

  1. ONANA (Charles), Holocauste au Congo l’Omerta de la communauté internationale, Ed. De l’Artilleur Paris 2023, P.347. ↩︎
  2. MAERTENS de NOORDHOUT(Florence), « Violences sexuelles en République Démocratique du Congo : – Mais que fait la police- ? Un état de non-droit à la recherche d’un système normatif ». Le cas d’EUPOL RD Congo, Revue interdisciplinaire d’études juridiques (volume71), 2013/2 P.213-241. Ed. Presses de l’Université Saint-Louis ↩︎
  3. ONANA (Charles), Holocauste au Congo l’Omerta de la communauté internationale, Ed. De l’Artilleur Paris 2023, P.346 et 347 ↩︎
  4. Ibid. P. 347 ↩︎
  5. MAERTENS de NOORDHOUT(Florence), « Violences sexuelles en République Démocratique du Congo : – Mais que fait la police- ? Un état de non-droit à la recherche d’un système normatif ». Le cas d’EUPOL RD Congo, Revue interdisciplinaire d’études juridiques (volume71), 2013/2 P.213-241. Ed. Presses de l’Université Saint-Louis ↩︎
  6. Ibid. P. 354-360 ↩︎
8.3
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  • Pertinence8
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